Un bâtiment – en particulier une école – se doit de raconter une histoire ; l’histoire que nous avons voulu raconter ici est celle de la rationalité, celle de l’ancrage dans un lieu, et du respect de l’environnement.
Celle d’une école chaleureuse, fonctionnelle, ludique. Et particulièrement écologique.
A chaque étape de sa conception nous avons eu à cœur de concevoir un édifice savamment inscrit dans son territoire, de travailler avec un maximum de matériaux locaux et bio-sourcés.
Les éléments remarquables du site – le gymnase et son architecture radicale, l’empreinte rurale encore présente, l’omniprésence de l’eau, les montagnes environnantes – ont guidé notre crayon.
Ainsi, l’école émerge du sol, soulevant la terre nourricière qu’elle conserve sur ses toitures et sur ses flancs, avec comme objectif de n’évacuer aucune des terres du site. Elle adopte une forme en « U » ouvert au sud, afin de protéger la cour de récréation des vents froids et puissants du nord. Les volumes des salles de classes, de l’entrée, de la salle d’activité et du restaurant scolaire se détachent et adoptent une forme rationnelle à l’image du gymnase, comme ses poteaux en « V » qui sont repris dans notre projet.
De larges portiques en saillie ancrent la structure au sol et protègent les façades largement vitrées afin de préserver les vues sur le paysage et d’inonder l’école de lumière naturelle. Les bardages – en bois lorsqu’ils sont protégés et en Equitone lorsqu’ils sont exposés – se percent de grandes ouvertures rondes qui apportent un dynamisme, un côté ludique et enfantin à l’ensemble.
La structure émergente est entièrement réalisée en bois/paille. C’est un geste fort, local, environnemental, pérenne, et – contrairement à ce que raconte le conte de Charles Perrault – parfaitement éprouvé en termes de sécurité. Outre le fait d’être bio-sourcée, cette association permet une bonne maîtrise du confort d’été grâce à son inertie thermique.
Pour son chauffage, l’école se connecte simplement à la nappe phréatique, dont elle récupère les calories pour se chauffer l’hiver et se rafraîchir l’été, profitant ainsi de la présence sur le site d’une ressource naturelle précieuse.
Sur un plan fonctionnel, elle se développe autour d’un hall résolument généreux, espace de rencontre, d’exposition, avec en son centre un « arbre de vie », support pédagogique pour les enseignants, les enfants, et les parents. En connexion avec le hall, les espaces de direction et des enseignants bénéficient d’un regard direct sur les entrées, mais également d’un accès latéral plus discret.
L’aile Ouest, façade « active » sur le parking, accueille les entités pouvant fonctionner de façon indépendante : le périscolaire, la salle d’activité sportive et le RPE – qui s’articulent autour d’un patio – et le restaurant.
Les salles de classent se développent sur les ailes Nord-est et sud-est, égrenant le long d’une large galerie fonctionnelle des « cellules de vie ». Nous avons souhaité concevoir ces cellules afin de faciliter les accès aux différentes fonctions – classe, vestiaires, sanitaires, dortoirs – car dans une école maternelle, les besoins émergent souvent de façon spontanée ! Chaque classe a ainsi un accès direct à ses propres sanitaires et à un dortoir commun à 2 classes, accessible par une large porte acoustique coulissante, ce qui permet ainsi un usage différent en fonction des besoins et de la temporalité. Le dortoir devient ainsi une possible extension de la classe.
La large galerie vitrée s’élargit sur les entrées/vestiaires des cellules de vie, et présente une grande porosité avec ses nombreux accès directs à la cour, ponctués par de larges meubles de rangement fonctionnels.
Le restaurant, idéalement placé à l’extrémité sud de l’aile ouest, présente une façade fonctionnelle en vis-à-vis du gymnase qui accueillera les accès personnels et les livraisons, et une façade largement ouverte sur le Sud-est et le « jardin de cocagne » – dilatation pédagogique de la cour, qui accueillera un espace potager généreux ponctué de bacs à planter – formés par des mannequins issus du réemploi – et d’arbres fruitiers.
Le paysage se développe naturellement depuis le parvis – que nous avons souhaité onirique et pédagogique avec ses deux saules tortueux et ses buis « topiaires », matière à sculpter propice à des moments pédagogiques pour les services espaces verts, les enseignants et les enfants. Nichée au centre la cour se développe l’ile au jeux, espace ludique et doucement modelé à l’image des reliefs environnants. Le préau en connexion avec le hall se développe le long de l’ensemble des façades, accueillant localement les espaces de rangement des jeux et protégeant les façades vitrées.
A mesure que le végétal se déroule le long du bâti, il devient plus sauvage, plus libre, vallonné par les terres excavées le long des façades, et tentant de rejoindre les toitures végétalisées afin de faire disparaître le bâtiment dans le paysage lointain.
L’histoire que nous avons voulu raconter est une de celle qui accompagnera les enfants, leurs enseignants et leurs parents durant leur passage dans cette école : respecter et magnifier son environnement. L’histoire … à la fois réelle et onirique, d’une architecture intimement liée aux ressources du monde minéral et végétal.